Surnommée par Forbes « la fée des marques », Pascale Venot a échangé avec nous sur son ressenti en cette période inédite, propice aux initiatives créatives. A la tête de l’un des plus importants bureaux de presse de Paris, elle nous confie combien elle est reconnaissante envers ses collaborateurs et le travail qui ressort de cette situation.
Comment avez-vous adapté la contrainte du confinement dans votre quotidien ?
J’habite proche de l’agence, ce qui me permet de continuer de m’y rendre chaque jour. Je garde ainsi le rythme, et je ne suis pas seule au bureau, j’ai mon chien avec moi.
Pour les équipes, cela n’a que peu modifié notre fonctionnement, le télétravail existait déjà avant la crise, et j’ai une grande confiance dans mon équipe. Cela n’a pas chamboulé l’organisation au quotidien, on a même sûrement été plus productif qu’à l’accoutumée, mais le rythme a changé puisqu’une partie de l’agence est au chômage partiel. C’est très intensif depuis 45 jours.
J’en profite pour dire un grand merci à toute mon équipe qui a été à 100 %, à 1000 %, qui m’a encouragée sans cesse, qui a été présente… Elles sont formidables et ont su faire preuve d’une grande créativité sur de nombreux sujets pour que les journalistes puissent sortir leurs numéros, par exemple « Changer son intérieur sans tout changer », ou encore « Comment faire entrer la nature chez soi », etc.
Nos amis les journalistes, comme nous d’ailleurs, ont été déboussolés. Nous sommes tous revenus aux fondamentaux, mais eux aussi ont su se montrer ingénieux et créatifs. Nous travaillons actuellement les parutions « post Covid-19 » de l’été.
C’est une période intense que nous traversons, et qui nous oblige à nous adapter, à nous remettre en question, nous, agence, et chaque organisation plus globalement. On remet les pendules à l’heure. Ici, on est toutes des couteaux suisses, super débrouillardes et tant mieux car c’est pour le bénéfice de chacun : des clients et de l’agence. Je me rends finalement compte que nous avons tous et toutes des réserves insoupçonnées au fond de nous.
Un mot de vos clients ?
Comme nous avons des pôles d’activité très variés, nous avons dû aider les pôles les plus touchés (tourisme, hôtellerie / restauration, lifestyle notamment), en gelant nos honoraires pendant la période de confinement. On est solidaire avec nos clients, ils le sont avec nous. On se soutient tous, cela nous rapproche et on se retrouvera avec bonheur dans 1 mois. On ne lâche personne.
Dans l’univers de la restauration, les chefs ont joué le jeux, Guy Savoy, Hélène Darroze, Pierre Hermé ont fait des recettes en vidéo depuis leur cuisine. On est dans la vraie vie. On ne sur-joue plus. Il y a de l’authenticité et du coeur. On essaye de faire rentrer du rêve pour continuer à occuper le terrain pour nos clients.
Nombreux sont nos clients qui ont fait des actions solidaires, je pense à Bagel Corner qui livrait les soignants, ou encore Les Bistrots Pas Parisiens qui ont monté une association et qui livrent plus de 600 repas par jour à la police, aux aides-soignants et aux hôpitaux.
Roberto Coin, un célèbre joaillier italien, a décidé d’offrir des alliances à toutes les aides-soignantes qui se marient dans l’année (aux USA et partout en Europe), l’occasion de nombreuses prises de parole, et de reportages.
Notre objectif a été d’apporter du plaisir pour le quotidien des Français au travers des actions de nos marques. Tout cela a été un gros travail pour les équipes. Bien sûr, tout n’est pas rose, le secteur des croisiéristes a été très malmené au début de la crise, et j’inclue notre client Costa Croisières. Il a fallu reprendre la parole et rétablir les vérités.
Comment voyez-vous l’après et la période de renaissance pour les marques ?
Pour le moment, pour certains c’est comme une période de convalescence, pour d’autres c’est une véritable renaissance. Mais cette période offre en réalité à tous, une soif de revivre à terme.
La vie va redevenir belle, on aura remis les compteurs à zéro pour mieux repartir et revaloriser nos fondamentaux : fini le superflus.
J’espère d’ailleurs que nous deviendrons enfin plus respectueux envers la nature car c’est une vraie leçon de vie.
Enfin, un mot un peu plus personnel : le confinement de Pascale, vos envies du moment et de demain…
Les gens entre eux ont été très solidaires. On s’est ressoudés. On est très digitalisé et depuis longtemps et cela offre tout le confort possible mais dans cette période trouble, il manque l’essentiel, l’humain, le contact, la proximité.
Depuis toujours, ce qui me touche dans la vie c’est la nature, les animaux. On a été puni je pense. On s’en aperçoit et on évolue : Shenzhen devient la première ville chinoise à interdire la consommation de viande de chat et de chien, il était temps.
« On n’a jamais autant aimé la campagne de notre vie », j’ai toujours apprécié parcourir le monde, je n’ai désormais plus qu’une envie, c’est de revenir au local, de redécouvrir notre beau pays.
L’espoir renaît, le 11 mai est désormais dans nos têtes et celles de tous nos clients. On anticipe, on se projette. Cette pause, avec toutes les conséquences négatives qu’elle a eu sur la population, a aussi des effets positifs. Il faut en tirer le positif, s’il est possible de parler de positif dans cette période. On s’est beaucoup reconnecté avec les gens, nos familles, la nature. On ne se croise plus mais on se parle bien plus.